J’ai regardé récemment un documentaire plutôt fascinant sur les débuts de l’informatique grand public. Intitulé The Triumph of the Nerds (dispo sur Google video là là et là) et datant de 1996, le reportage fait la lumière sur cette période 75-82 de folie, avec des images de barbus en pattes d’eph et claquettes enfoncés dans des poufs en train d’imaginer le future avec des formules mathématiques.
“Bon alors les mecs je veux savoir: qui qu’a mis un gode à la place de la selle du vélo à Gérard ?”
Parce que même si je le savais déjà, c’est bon de se rendre compte que toute l’informatique d’aujourd’hui, tous les concepts qu’on utilise sur tous nos systèmes d’exploitation, tout vient de cette période. Assez captivant d’avoir le commentaire de ces jeunes de l’époque qui deviendront les “maitres du monde” d’aujourd’hui.
Xerox, qui avec son centre de recherche à Palo Alto a inventé l’impression laser (1969), l’ethernet, l’ordinateur que l’on connait aujourd’hui, la GUI et pleins d’autres choses qui transforment et ont transformés nos vies. C’est marrant de voir qu’une nana –pas n’importe laquelle, la mère du language objet créé à la base pour raisons éducatives- avait senti venir le serpent Jobs qui réussira à obtenir la démo technologique qui lui donnera les ailes et la direction à prendre pour son Macintosh. Copy/Paste/Profit. Sacré Steve.
PARC. It feels the 70s. Or the Galactic Republic I don’t know.
Ce centre de recherche et dévelopement si important dans notre histoire humaine se trouve sur le campus de Stanford vous savez, là où il y a une université avec des gros cerveaux dedans qui venaient trainer dans l’entreprise Xerox après les cours (toute allusion à une loi de modernisation de l’enseignement supérieur français est complètement faite exprès).
Deux points m’interpellent dans le visionnage de ces trois heures back in the days.
- Apple et MS
Il est assez largement connu que ces deux jeunes pousses de l’époque ont tout pompé à droite et à gauche. Je note quand même l’importance et la force déjà à cette époque du software vs hardware: très vite ce ne sont pas les machines qui sont importantes mais ce qu’on en fait (cf la très rapide intégration d’Adobe dans l’équation apple-ienne).
Deuxio ca valide ce que je déblatère sur l’opposition perfection/efficacité. Apple a visé la perfection surtout avec son Mac: revoir les images d’époque m’a renvoyé à cette époque où oui, l’ibm pc est tellement ridicule comparé à l’effervescence du Macintosh (ou de l’Amiga) c’est juste pas comparable.
Mais à quel prix. 1 000 fois plus cher dit le docu. Quand on voit la position délicate dans laquelle était Apple à ce moment là.. La GUI au lieu de ligne de commande à cette époque les gens s’en tapent le cul par terre, le PC fait son taf pour une fraction du prix. En 2009, toujours le même pattern: l’iphone, splendide machine visant le perfect avec une battery life en papier maché. Ce qui pour un téléphone est assez ennuyeux (c’est l’atout du BB: c’est un dromadaire avec des jericans en plus le truc).
Bref pendant ce temps c’était super pas gagné pour MS qui avait réussi à owner IBM avec de la chance –Digital Research wtf?- mais qui jouait tout son avenir sur le “compatible” qui leur permettra de devenir ce qu’ils sont mais qui à ce moment était loin d’être une garantie. Je me demande s’ils savaient que l’industrie informatique asiatique allait exploser et fournir des clones PCs à bas prix. Parce que vu de leur petit point de vue de start-up de hippies et de jeunes nerds buveurs de coca, en 1980 ne pas fabriquer son propre hardware semblait être une méga grave faiblesse.
Haha.
Xerox Alto, incroyable avancée technologique mid 70s.
- Le partage le rêve et le général
Durant les toutes premières heures de l’informatique grand public, à l’époque des cartes à perforer et des soudures c’était compliqué, rigide, absolument pas logique humainement parlant etc. Très vite après 75 et la commercialisation des premiers “kits d’ordi” des clubs d’informatiques se montent un peu partout. Les gens s’entraident, partagent les infos, certains arrivent en criant EUREKA et dissèquent la manière dont ils ont réussi à faire fonctionner tel truc..
Cette émulsion seventies a lancée tellement de carrières et de boites cruciales à l’informatique que ce n’est pas possible de toutes les nommer. Un véritable partage, pas cette espèce d’aide condescendante qu’on trouve aujourd’hui sur le web ou dans les boutiques d’informatique.
Le rêve. Xerox et IBM étaient des mastodontes ignobles avec plein de blé. Ils donnent carte blanche à des bandes de chevelus férus de SF, leur créent des filiales pour qu’ils puissent développer leurs idées au maximum. Les deux méga corporations réussiront parfaitement, aucune ne verra le potentiel commercial des inventions et rêves de leurs computer hippies. Ah les cons de vieux, toujours (je plaisante, détends-toi papy).
Les codeurs de l’époque, multi-talents, musiciens, peintres, astrologues. Ces mecs étaient de vrais généralistes qui rêvaient simplement de changer le monde avec leurs applis (le passage sur VisiCalc est fort). Aujourd’hui dans les gros jeux t’as un codeur pour non pas juste les effets graphiques mais pour UN effet graphique. Et le gars fait sans doute de la photo comme passe-temps…
Pixels. Mark of a few generations.
On vit avec les progrès, idées et recherches menées à bout de ces allumés des 70s nés à la fin de la WWII, enfants du Flower Power des 60s. Quand je note dans ma conclu que les 60/70 sont les dernières décennies qui feront avancer à grand pas l’humanité j’ai pas vraiment tort.. Raph Koster se demande même si être né dans les 70s n’est pas la meilleure période pour avoir été nerd/geek, ce que je plussoie bien volontier.
Non, pas de “c’était mieux avant” mais plutôt un “apprenez ce qu’il sait passé il y a peu, c’était bien”. Il faut continuer ça. Je vous invite donc à zieuter ce docu.
Tell me, what else should I have done?
Doesn’t everything die at last, and too soon?
Tell me, what is it y
ou plan to do
with your one wild and precious life?
– Mary Oliver, ‘The Summer Day’
(Piqué sur la page perso de Lynn Conway, scientifique et chercheuse chez Xerox et IBM durant les 70s, à la vie incroyable.)