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Me Myself&I

everytime you come around

En 1979 il y avait environ 4 000 enfants adoptés en France, pour environ 800 000 naissances. L’écart n’a quasiment pas bougé depuis 20 ans, à part un recul des deux statistiques. Merde, je croyais qu’on était plus nombreux que ça. Là ça fait du euh…0.005 % sur une génération… C’est complètement anecdotique et si je me sens si “unique” et différent, ben j’ai un chiffre à poser dessus maintenant… Est ce que j’en souffre ? Je sais pas trop… J’essaie de mettre ça de côté, que ça n’influence pas ma vie sociale mais c’est difficile… Une fois hors du cocon familiale, ça me jailli à la tronche, la tête des gens quand ils me voient avec mon père… Qui ne m’a pas convié à la réunion des propriétaires parce qu’il sait que c’est moi qui supporte les regards et que c’est assez gênant… Alors il insiste pas, merci à lui. Mais ce qui me saute le plus aux yeux c’est évidemment les relations avec les parents qu’on les autres, les amis, les gens dans la rue, partout… C’est là qu’on voit le formidable travail de la société au sens large, qui nous formate… Et on aime ça, parce que être mis sur la touche et regarder les autres passer, ça va 5 minutes… Je m’en rend bien compte, content d’être différent, mais gêné aussi. Parce que expliquer son cas spécial, affirmer sa spécificité, c’est pas bon socialement, ça finit par énerver les gens, à raison. Alors j’en parle pas trop non plus… Mais après quand on me dit que c’est pas grave quand on se fait refouler par une nana qu’on aime, ouais mais disons que je le prend mal quand même, déjà on m’a fait le coup quand je suis né, salut jme casse jte laisse à la DDASS, euh tout ça prend une dimension autre on va dire. J’ai beau essayé de séparer, c’est dans ces  cas là que j’y arrive pas. Tout se mélange et je me sens hyper useless d’un coup. Parce que j’ai envie d’être avec quelqu’une pour m’occuper d’elle, surtout. Pour qu’elle soit tellement heureuse qu’elle veuille plus me quitter et qu’elle m’aime pour toujours. Quand je vous dis que c’est dur de séparer les choses…


Ma petite soeur, 12 ans, adorable et magnifique petite brune aux yeux noisettes claires, me disait la semaine dernière, assise sur mes genoux et me tripotant le nez: ” t’as un long nez pas très large, différent de tes semblables” Bien sur elle parle des noirs en général et je ne pense pas qu’il y ai eu aucune espèce de vanne derrière cela… Ce serait plutôt le trip “regarde comme j’ai du vocabulaire”, bref mais j’ai pas percuté sur le coup. Et puis vendredi dernier ça m’est revenu en pleine face, parce que mes “semblables” à Paris, en 2004, ils ont mauvaises mines, des tafs de survie et sentent la sueur et moi qui n’en connais aucun -sauf un pote métis- ben ça me fait mal… J’arrive au boulot, étant le seul de couleur encore une fois il faut affronter les regards, les questionnements… Je me sens coupable et en même temps j’en veux à tout le monde. Et puis je m’enferme surtout. Hop, me prenez pas la tête je suis pas là, huhu.


C’est bien légitime…