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Back to the music future

Tariq Krim fait parti de ces français que personne ne connait et qui pourtant à un grand avenir devant lui. Netvibes, la page personnalisable plus mieux foutue que celles de Google/MS réunies, ça vous dit quelque chose ? Ben c’est de lui (entre autres services auquel il a contribué). Un entrepreneur du web, depuis longtemps.

Tariq était là au tout début du format MP3 et de la musique en ligne. J’étais tombé sur son histoire vis à vis de ce secteur. Flippant, édifiant, rageant.

Je copie colle son post daté de Janvier 2006 avant qu’il ne disparaisse.

"C’est la première fois que je m’exprime sur ce blog au sujet de la musique en ligne et sur le projet de loi actuel.

En effet, l’actualité immédiate me pousse  à reformaliser ma position sur le sujet. Je suis, avec un petit nombre de gens, invité par le Ministre de l’intérieur et Président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, à une rencontre pour aborder le projet de Loi DADVSI.

J’ai naturellement accepté cette invitation.

Avant d’aborder le sujet de la musique en ligne et les enjeux autour du vote de la loi, et surtout (notamment) de mes propositions, j’aimerai retracer mon expérience et mon parcours vis-à-vis de la musique en ligne : une vraie passion et un sujet qui s’inscrit dans la durée.

Ca fait déjà 13 ans quand même !

En 1993, je montais la première web radio en France et probablement dans le monde. Je m’étais connecté sur un réseau expérimental qui reliait la Nasa, le MIT et une grande école française. La plupart des expériences étaient plutôt rébarbatives, il s’agissait de définir les futurs protocoles de diffusion temps réel, à l’époque on disait multicast dans le jargon.

Comme la station Sun que j’utilisais pouvait se connecter à ce réseau, j’ai eu l’envie de connecter un DAT et de diffuser de la musique en permanence sur un des canaux. Je diffusais dans le vide mais très rapidement j’ai vu apparaître un premier auditeur, puis un second. La qualité sonore n’était pas très bonne, plutôt proche de la qualité GSM, mais le truc était suffisamment marrant pour attirer du monde. Au bout de quelques temps j’avais compris que pour avoir du monde, il fallait que je sois présent sur le programme des diffusions du service.

J’ai donc fait une annonce pour indiquer que tous les jours je faisais profiter à tous de deux heures de musique (la programmation pour les curieux oscillait entre trance, ambient, futur sound of london, ma folie musicale de l’époque).

Très rapidement, l’un des responsables informatique du réseau du MIT a interrompu la liaison avec cette phrase qui m’est longtemps resté gravée dans la tête : « Diffuser de la musique sur le réseau, c’est stupide et cela n’a aucun avenir ! »

Un an plus tard, progressive Networks devenu Real Audio voyait le jour. Son clone Open source UnReal Audio nous permettait d’avoir notre propre serveur radio sous linux. Mon bref passage chez radio nova m’a permis de tester la diffusion sonore, mais il était très difficile à l’époque de trouver des lignes spécialisées en dehors des facs. La bande passante était encore une ressource trop rare et tellement chère.

Ma rencontre éclair et coup de foudre avec Christian Perrot, personnage indescriptible rencontré chez Actuel, qui me prit pour écrire une rubrique cyber dans les premiers numéros de Novamag, aboutit à la création d’un projet délirant mais totalement cyber : nirvanet. 
Pour moi la seule chose à faire à l’époque était de tester le haut débit pour faire un jukebox numérique en encodant nos CD. Pas de format MP3 encore accessible, mais le format MP2, un peu gourmand, que le site underground music archive (iuma) de Rob Lord commençait à utiliser pour diffuser des morceaux de musique d’artistes non signés.

Hallucinant ! En plein marais, pendant une année, dans le loft d’un ami jet setteur fan de Trance goa, la fine fleur des bidouilleurs et des branchés parisiens se pressait dans nos soirées mi techno mi cyber. Ces soirées étaient interfacées avec d’autres à San Francisco, à New York ou avec les soirées zippies londoniennes. Un ordinateur connecté sur Irc ou sur le Well nous permettait d’échanger avec Bruce Sterling Howard Reingold, ou encore des français comme Maurice Dantec. On était en 95 et la musique en ligne nous paraissait pleine de promesses.

Les premiers webcasts musicaux débarquaient sur nirvanet : Carl Craig, la radio mentale, Underground Resistance transitaient sur les réseaux. Aux USA, c’est la scène punk qui se téléchargeait, en France c’était surtout la musique électronique. Pendant un an, même les maisons de disques s’intéressaient à la nouveauté et il n’était pas rare de trouver des hackers, des patrons de labels branchés et des artistes de la 3D à nos soirées.

Fin 95 début 96 changement de décors, je repars aux Etats-Unis pour aller dans la silicon valley. Enorme claque !
Je découvre que la musique en ligne est en fait une industrie naissante. Pour aider un copain je travaille sur une étude intertrust pour Universal Music. Il s’agit pour le géant du disque d’étudier l’utilisation des premiers DRM. Je planche sur le sujet mais je découvre très rapidement que les formats sont très nombreux, trop nombreux pour percer !
Au même moment un de mes amis lance l’un des premiers lecteurs au format MP3 (Xaudio). Ce format nous intrigue tous et nous excite, la qualité est plus que correcte et les perspectives d’usages sont très nombreuses.  Pas le temps d’approfondir, je rentre en France où je commence à travailler pour la Tribune.

La distribution des œuvres en ligne m’intéresse, mais le retour en France est très dur : finies les lignes T3, bienvenue au modem 28,8. Difficile d’imaginer le futur dans une France où l’internet est retardé par France Télécom, qui pense que son minitel 2 va s’imposer face à l’internet naissant [ndh: et 10 ans plus tard on a un des meilleur haut débit du monde, pour pas très cher; la France est  molle du cul mais quand elle a compris où aller, ça fuzze; merci Free]. A l’occasion d’un article sur le MP3 pour la Tribune en 97 « un marché parallèle du son », qui est probablement le premier article jamais fait sur le sujet en France, j’en profite pour appeler la SACEM qui ne savait pas ce qu’était le MP3 !

Nous sommes en 97 et j’ai de plus en plus l’impression qu’il faut que je reparte vite à San Francisco.

Cette ville est vraiment pleine de surprise : à l’occasion d’une soirée, je rencontre les fondateurs d’un projet de webradio totalement incroyable : betalounge. Des moyens professionnels au service d’une radio underground. C’est à ce moment que je comprends que pour tout le monde aux Etats-Unis se prépare à une véritable révolution autour de la musique.

98/99

C’est l’explosion, la naissance d’une industrie : dans le sud de San Francisco (audio valley entre south of market et Mission) quasiment en bas de chez moi se retrouvent les nouveaux acteurs de cette industrie : Wiredplanet, listen.com (qui tous les deux deviendront rhapsody), spinner.com, technostate qui installe une T3 pour diffuser plusieurs milliers de streams dans le monde entier. Mon favori c’est Epitonic qui lance l’une des premières plateformes indépendantes. Cductive, emusic et mp3.com sont également dans la danse.

Avant de revenir définitivement en France, je pars à la MP3 conférence de San Diego pour découvrir des artistes en phase avec cette génération : Ice T, Public Enemy, Alanis Morrisette, Phish qui paraît-il gagne des millions de dollars grâce à l’Internet. Dans un coin, Diamond me prête un de premiers prototypes du baladeur Rio (que j’ai gardé précieusement). Il n’est pas très beau, il lui faut une éternité à charger, mais quand on le voit, on sait que la révolution est en marche. Avec la bulle internet les égos de chaque société sont montés à bloc.

Il suffit de revenir à Cannes faire un tour au Midem 99 pour voir que les plus gros stands sont squattés par des sociétés internet dont personne n’a jamais entendu parler. Je conseille plusieurs sociétés internet et notamment audioexplosion et epitonic, mais j’ai envie de me lancer dans l’aventure.

A peine rentré en France, premier scandale lors d’une conférence sur le droit d’auteur, j’interpelle le président de la Sacem de l’époque qui assimile MP3 et piratage. Je fustige les « industries du passé » et j’ai droit à un article dans le monde.
Cette révolution, j’ai envie de la vivre du bon côté. Je transforme ma newsletter sur la musique en ligne et je lance mptrois.com et sa base line : l’univers de la musique digitale. Ce site est d’ailleurs le précurseur de tous les MP3blogs, puisque avec le magazine fluctuat, avec qui je me suis lié d’amitié, nous proposons tous les jours des sélections de musique à écouter : d’un inédit de Massive attack au premier album de Swayzak, nous trouvons des liens de musique à télécharger (avec l’autorisation des labels) dans le monde entier.
Cela ne sert à rien à l’époque de se lancer dans la distribution de musique : France MP3 (le jamendo de l’époque) s’y essaye sans grand succès. Il va falloir s’y habituer, mais il sera difficile de trouver des artistes de majors à distribuer : c’est Niet !

Et côté Sacem, avant même d’en avoir parlé, on comprend qu’il sera difficile d’exister avec les conditions économiques qu’ils proposent. [ndh: sous couvert de protections de SES auteurs -en faisant croire qu’elle protège TOUS les auteurs-, la Sacem taxe au maximum et ne négocie jamais; raison pour laquelle les développeurs de jeux lui dise simplement, fuck you] 

Notre objectif est de créer une communauté d’utilisateurs et d’aider les gens à se repérer dans la musique en ligne. En 4 ans, plus de 7 millions de gens souvent fidèles viendront nous rendre visite sur mptrois.com. Vous pouvez encore retrouver le site sur archive.org.

A l’époque, on interviewait les artistes pour leur demander ce qu’ils pensaient de la musique en ligne : Moby, Deus, Chemical Brother, Jeff Mills, Dave Matthiew Band, Plaid. On voyait aussi d’un œil intrigué la formidable ascension du P2P et la création de la pure utopie numérique : audiogalaxy, le meilleur service de tout les temps ! [ndh: je sais pas si le service était top mais la somme de musique qu’il y avait, c’était juste hallucinant]
C’est aussi l’occasion de voir les majors fermer l’ensemble de ces sites les uns après les autres. Napster propose 1 milliard de dollars pour licencier le catalogue des majors : on leur envoie une armée d’avocats. Audiogalaxy est stoppé net, les nouveaux réseaux P2P qui les remplacent ne sont pas des anges : KaZaA, Grokster viennent nous spammer pour nous proposer de switcher. Beurk, je crois que je vais me réfugier sur soulseek.
Depuis 1999, j’ai fait un nombre incalculable de débats et d’interventions publiques : le discours s’adapte, car si au début il faut défendre le MP3 qu’on souhaite interdire, se battre contre le DMCA qui menace, puis le P2P qu’on veut éradiquer, il faut travailler à développer un marché équitable de la musique en ligne. A l’époque je rencontre Xavier Filliol, qui est depuis devenu un bon copain, et on se bat ensemble pour que les licences soient disponibles pour toutes les plateformes de l’époque. Dur, la Sacem propose des tarifs à la tête du client et les producteurs refusent de numériser leurs catalogues.

Stéphane Bourdoiseau, patron du distributeur et label Wagram, me propose de devenir le consultant les labels indépendants. Après réflexion, je propose aux labels indépendants (on est en 2001) de créer un guichet unique de gestion des droits pour pouvoir négocier en force avec les plateformes (dont celle de Messier pressplay) et d’investir pour préparer l’avenir. J’ai échoué dans ma tentative  et je me suis entendu dire : « Tariq !, il est urgent d’attendre ».

Il ne se passera rien.

Quelques années plus tard, la SPPF aura tenté de monter une base de données, mais sans se donner les moyens ni les ambitions de ses homologues américains ou anglais.
A cet échec, s’ajoute celui de la période incroyablement difficile pour ceux qui ont été nourris d’espoirs du net. Le web devient un jour sans lendemain, un moment d’attente étouffante ou toutes les initiatives, notamment dans la musique en ligne,  sont arrêtées. C’est une période très dure, car après avoir connu l’enivrement de la sillicon valley, je supporte de moins en moins l’atmosphère pesante et le renoncement à l’innovation.

Soyons clairs, aucune des idées de la bulle n’était mauvaise : les internautes n’étaient pas encore légion, et s’il était possible de négocier des droits pour les sonneries d’attentes téléphoniques, il était impossible de prononcer le mot internet dans une maison de disque pour obtenir les droits.

Face à cela, j’ai renoncé à convaincre les maisons de disques, et je me suis intéressé à un marché qui me semblait être le dernier endroit où l’innovation existait : les baladeurs MP3. Mptrois.com devient GenerationMP3.com, le nom de domaine que je voulais lui donner initialement et je lance un forum d’entraide autour des baladeurs numériques.

L’autre chose qui me fascine c’est les enjeux de pouvoirs autour du P2P. Pendant mon temps libre j’écris une étude sur les enjeux du P2P : la géopolitique du P2P. J’ai l’impression que si la France n’est pas capable d’embrasser cette technologie et de devenir un pays d’uploadeur, c’est son influence culturelle numérique qui en subira les conséquences à terme. [ndh: moins de 1% de la musique sur P2P est française… En même temps je crois pas que le monde soit prêt pour une invasion de Francis Cabrel et de Fatal Bazooka… J’espère même qu’il ne le sera jamais mais bref]

2003

Parler du P2P est compliqué car Apple vient de lancer sa plateforme Itunes music store. Tous les lobbyistes et maisons de disque me lancent ‘tu vois Tariq, cette fois c’est bon, on va y arriver’ [ndh: Itunes sert à vendre des Ipod. Itunes est ridiculement petit en terme de flux par rapport au traffic P2P et à la vente physique de CDs; Itunes c’est de la branlette de geeks fortunés]. Je suis inquiet car ce n’est pas une France technologique que je vois émerger, mais une France de sous traitants [ndh: moi ce n’est pas tant le problème d’être leader ou follower, c’est surtout d’être dans le mauvais business model en croyant que c’est le bon qui me stresse]. Dégoûté par le manque d’innovation et par la directive EUCD qui nous promet des peines de prison pour la simple utilisation d’un baladeur MP3, je propose une tribune à Libération qui la publie.  Mon opinion c’est qu’il suffirait de créer des plateformes P2P commerciales suffisamment attractives pour attirer les consommateurs et pas des plateformes de téléchargement inspirées par le modèle de liquid Audio en 96. Nous sommes en 2003 et il n’existe plus aucune solution française ou européenne pour gérer les droits numériques. Quand la Fnac s’aligne sur Microsoft et annonce lors d’un débat avec Aillagon que le DRM est le futur de la musique en ligne, la messe est dite [ndh: et trois ans plus tard on fait marche arrière. Vous n’écoutez ni les consommateurs, ni les créateurs. Connards !]

Philippe Chantepie, que j’interpelle lors de ses réunions sur la musique entièrement dédiées à la répression, me propose d’intervenir sur les modèles économiques. J’ai pondu une note pour expliquer que le P2P est un modèle économique en soi et qu’il est plus intéressant pour une consommation de masse que le modèle dit des « plateformes légales ».  Un peu difficile à entendre, surtout que l’effet Apple et les premiers procès de la RIAA rendent aux maisons de disque une confiance et une suffisance dont elles seules, ont le secret. Le club des plateformes DRM s’agrandit avec les nouveaux dirigeants des plateformes Virgin et Fnac qui commandent leurs sites de musique respectifs à des web agency à toute vitesse pour pouvoir rejoindre le club des rouleurs de mécaniques. Quand on voit qu’il n’y a ni blog ni flux RSS sur leurs services, on comprend que c’est la génération d’avant qui a encore le pouvoir dans ce secteur.

2004
Une rencontre avec l’Adami m’offre la possibilité de réfléchir à une hypothèse nouvelle : l’idée d’une redevance sur les fournisseurs d’accès. Cette réflexion est poursuivie simultanément aux Etats-Unis par l’université d’Harvard et par l’EFF. Reste à savoir si elle peut s’appliquer en France compte tenu des contraintes et des spécificités françaises. Le défi est intéressant intellectuellement et je me plonge dans la réflexion. J’en profite pour faire un tour d’horizon sur 10 ans de musique en ligne et sur l’état désastreux dans lequel l’innovation, base du renouveau de la musique en ligne, se trouve en France. Cette étude, contrairement à ce qui a été souvent dit, ne conclut pas sur la nécessité d’imposer une licence légale mais sur les modèles économiques autour du P2P. C’est le titre de l’étude : P2P, un nouveau modèle économique pour la musique.

Lorsqu’elle est publiée, je découvre à quel point la guerre de la musique en ligne est brutale, car je deviens la cible de toutes les attaques. Je suis indésirable au Ministère de la Culture et au CSPLA, qui ne m’inviteront jamais sur les sujets liés aux modèles économiques de la musique en ligne. Tous les experts du sujet d’ailleurs !  En même temps je m’en amuse, et je  brouille les pistes. Je fais rencontrer l’Unaf et l’Adami et les aide à monter l’alliance public artiste. Je rencontre Jean-Baptiste Souffron et ensemble, nous aidons deux jeunes internautes à lancer les audionautes qui feront, à l’instar de downhillbattle aux USA, un service d’aide juridique pour les victimes des procès des majors (tout le monde a le droit à être bien défendu, et la théorie du bouc émissaire me débecte).

L’enjeu est clair : équilibrer le débat et ne pas laisser les majors véhiculer le discours que le DRM et les plateformes monolithiques c’est l’avenir.

Pour les labels indépendants, j’organise une rencontre avec la plateforme Bleep, qui n’utilise pas de DRM. Ce travail porte ses fruits puisque Versatile et Fcom (le label de laurent Garnier) signent dessus. [ndh: Bleep c’est bien mais c’est assez cher et trop ciblé pour ma part]

Je passe de plus en plus de temps avec les développeurs de réseaux P2P. Ce que j’espère, c’est que nous pourrons un jour disposer d’un réseau public d’échange, un service public où tout le savoir en domaine public et en licence de type creative commons soit disponible pour tous. Je présente ce projet avec Xavier Filliol au Ministère de la Culture, mais c’est une fin de non-recevoir. Seul le Geste accepte d’y réfléchir avec nous. C’est trop tôt, et il est encore difficile de faire accepter aux majors l’idée de soutenir un réseau P2P de type bitorrent ou emule pour diffuser du contenu libre. Je sais que cette idée verra le jour, je lui ai même trouvé un nom : utopeer.

2005, tout s’accélère :
J’ai  l’occasion de travailler avec l’industrie du cinéma Français. J’aime bien cette industrie que je trouve très maline et pragmatique [ndh: *tousse, tousse*]. Avec un peu de travail, ils peuvent arriver à pérenniser leur industrie donc la clé n’est pas la chronologie des médias (la synchronisation des sorties internet et salles arrivera par la force des choses) mais son préfinancement.

Imminente, mais sans cesse reportée, la loi DADVSI pointe le bout de son nez et il faut passer du temps à expliquer et réexpliquer pourquoi les DRM sont nocifs pour l’avenir de l’innovation en France, et pourquoi la répression est illusoire. Des dizaines de députés, qu’il faut voir, leurs conseillers et la presse. Des centaines d’heures et de week ends passés à essayer d’éviter l’irréparable.
2005 c’est aussi l’année où notre blog GenerationMP3 explose. Plus de 2,5 millions de visiteurs uniques, soit un utilisateur de baladeur MP3 sur deux en France. Avec une petite équipe jeune et décalée, on est pas loin d’arriver à faire du média numérique à taille humaine. Prochaine étape avec notre blog zik2zik, aider une centaine de jeunes artistes à exister en ligne

2005 est enfin l’année du redécollage de l’industrie innovante. Le mot podcasting a remplacé le mot téléchargement mais on retrouve le même foisonnement d’idées et de projets. C’est toujours interdit, mais ce n’est pas grave !

Une nouvelle génération de gens a pris  le dossier en main, je pense notamment à Alban Martin, Sylvie Krstulovic, Jean Samuel Beuscart, Anne-Catherine Lorrain, Benjamin Labarthe Piol qui sont la nouvelle génération qui comprennent les enjeux de la musique en ligne de demain. Ce sont eux qu’il faut inviter à réfléchir la politique culturelle, pas les vieux croutons du CSPLA [ndh: qui cassent les couilles des développeurs de jeux également] qui ne savent même pas que KaZaA n’est pas un site mais un logiciel ;)

Ce débat a besoin d’une vision positive de l’internet, et entre la répression  (le projet de loi DADVSI et la facilité (la licence globale, qu’il ne faut pas confondre avec la licence légale), il faut choisir l’exigence (une troisième voie).

C’est cette troisième voie (voir mon post sur le sujet) que j’aurais choisie si j’étais Ministre de la Culture, si j’étais responsable devant les futures générations et si mon action était de faire le lien entre le monde analogique et le monde numérique.

C’est difficile d’accorder des intérêts contradictoires, je le concède, mais c’est à la capacité d’écoute et à l’action qu’on juge un homme politique.

Or, là c’est un temps précieux qu’on nous prend, et des marges de manœuvres difficilement récupérables."

 

2007. Les DRMs meurent -enfin- à petit feu, le traffic P2P devient difficilement trackable, se crypte, s’améliore, les gens appliquent la première règle du Fight Club et les ventes de CDs (toujours LARGEMENT supérieures à la vente en ligne, je tiens à le préciser) continuent de baisser.

Radio Blog Club est attaqué par la Sacem, qui effrayée par le scandale qui grandit, fini par fermer sa bouche. Pandora l’excellent service de musique est obligé de limiter son action aux seuls US: plus personne ailleurs dans le monde ne peut bénéficier de leurs services. CBS une major américaine achète Last.fm, le service super sympa créé par deux anglais.

La troisième voie dont parle Tariq n’est toujours pas à l’ordre du jour, l’Europe est toujours à la traine (même pas capable de garder un de ses fleurons du web 2.0, tsss) et la globalité qui faisait la force du net s’estompe aux profits de putains de barrières invisibles indexées sur ces vieux pets aux manettes qui continuent à être bouchés et bornés…

Et dire que je suis au centre de tout ça (créateur/downloadeur)… Bordel…