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Me Myself&I

California dreamin’

Ca c’est fait, demain je signe et je commence un ptit contrat avec un développeur à côté de chez moi c’est très bien.

Je sais pas pourquoi je me suis mis à pleurnicher en souriant, sans doute la pression qui s’évacuait après la goutte sur le front de la semaine dernière. Je viens de boucler mon futur à +3 mois. Trois mois. Et encore, je compte la latence et l’effet de l’été.

La lettre ouverte de David Cage, j’étais là. 2002, j’étais là. L’apom, jiraf, j’y étais, j’ai participé. J’ai voté. J’ai énormément appris, j’ai aussi été dégoûté d’une certaine forme de débat à la française, complètement idéologique et inutile mais bref.

J’ai bossé pour les big three français du jeu (Vivendi Ubi Atari), j’ai bossé sur des jeux à tout les stades mais jamais du début à la fin, je continue de progresser dans toutes mes skills, de la gestion de projet et de contenu à comment bien régler le chevalet de ma basse.

J’ai la naïveté de croire que je me démarquerais individuellement et que ça paierait. Démarqué ça, oui… Mi-developpeur, mi-artiste, autant dire ni l’un ni l’autre… Parce qu’on (je ne sais pas qui tire les ficelles) accepte pas les mélanges en fait et que comme d’hab’ je me retrouve au milieu. De nulle part, c’est ça.

Je connais des gens dans tout les secteurs du jeu, dans moultes boites. J’en vois partout (sous ma fenêtre, à peu près la totalité des développeurs d’Ubi qui prennent le RER), et j’ai pas le sentiment d’avoir vraiment d’ennemis… Mais je suis trop cross genre, cross stéréotype, et même si je combat une certaine timidité, impossible de lier de contacts fermes avec qui que ce soit du métier…

En plus je lis des trucs de ce style:

"Alesina et Glaeser citent des expérimentations et des sondages suggérant que l’on fait plus facilement confiance aux personnes qui nous ressemblent et qu’on s’en sentira aussi plus solidaire."

Pas vraiment une nouvelle quelque part mais cela résonne fort en moi, à la lumière de cet article. Comme je ressemble à personne ni physiquement ni dans les goûts du petit monde des créateurs de jeux, je sens que je le paye… Je suis un nuage d’aggrégation et de trucs divers forcément, ça fait peur. Déjà ça fait fake. Après on se rend compte que ça ne l’est pas mais il faut du temps et comme tout le monde le sait, time’s running out


Qu’est ce qu’elle a ma tête merde ! Shaky pic, désolé

Enfin la structure du pays (code du travail + code de la propriété intellectuelle) m’oblige à soi truander gaiement ce qui est toujours un peu stupide, soi à peiner quand bien même je suis compétent, dans un secteur en expansion avec un besoin d’originalité et de plu-value créative tel que le domaine du jeu… Cette structure génialissime m’oblige également à mentir à mes collègues de travail avant d’avoir à faire à eux et à ainsi instaurer une confiance niveau 0 envers les autres, ce qui dans des équipes de travail est simplement… Enfin j’ai pas de mots. Cette structure qui pousse les patrons à ne-surtout-pas-chercher-plus-loin-quand-ça-marche. "If it ain’t broke, don’t fix it"

Cinq ans après la lettre de David, toujours la même merde.  

Alors je rêve de Californie, un peu connement. J’imagine ce que je serais si j’avais fait exactement la même chose, mais là-bas. Peut-être que je serais en tournée mondiale, "Streets of Rage Tour" parce que mes pairs m’auraient dit "Man you’re the baddest motherfunka-tillaster I’ve ever seen" tout en travaillant pour les développeurs d’Austin. Peut-être que je serais en galère pas possible, transformé en crack head de la banlieue de L.A. Peut-être que je travaillerais comme un enragé pour tenir à peine mieux qu’içi.

Tout est possible mais je donnerais beaucoup pour cette culture américaine, cette partie de la culture américaine qui encourage et valorise l’initiative, l’action, la création, peu importe d’où tu viens et à qui tu ressembles, ça reste au-dessus de tout. Le web fortement américain, renforce cette impression. Il y a de fortes chances pour que j’eusse marqué plus de points côte Ouest qu’içi à Pa-rrrris.

Et puis j’oublie souvent une chose: plus on en sait, plus les choses se recoupent et plus ça fait peur. J’ai pas peur d’avoir les chocottes mais en même temps… Lassé de ne pas le partager ? Ou lassé de n’avoir aucun moyen de changer ce que je comprends et qui ne va pas ? Aussi. Surtout même.

"If it aint’ broke from where you watch, it may from where I am."