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Sprite Medley
L’âme et le charme du mot vidéo: le pixel.

Je suis devenu grave allergique au terme jeu vidéo. Je ne supporte plus du tout, mais du tout ce terme.

Tout le débat français ou anglais s’est toujours porté sur ce qui n’est pas important dans l’histoire: jeux vidéo, un s à vidéo (prise de tête française et la bonne réponse est sans s merci) ? Videogames ou video games se demandent les mecs de Joy, ce sera avec espace.

Je ne suis même pas allergique parce que je design l’audio dans les jeux, c’est même pas ça, c’est juste que ça me parait aussi débile et peu utile que de dire "poker avec cartes" ou "couteaux qui coupent".

Oui, on joue sur des ordis depuis bientôt 50 ans, oui c’est devenu la plateforme de choix (du téléphone au pda aux consoles etc), a t-on encore besoin d’ajouter ce terme vidéo, qui même s’il titille ma fibre nostalgique de l’ère 8/16bits me file la nausée à l’heure actuelle ? On ne dit pas qu’on va jouer aux cartes, on parle du type de jeu (poker, bridge etc). Le "jeu de cartes" n’existe plus vraiment, cette définition étant trop floue, trop courte. Le "jeu vidéo" est exactement du même genre.

On joue, on aime jouer. On joue aux cartes, au Monopoly, à la Wii, sur nos ordis, à DMC 4 à Wii Sports ou sur Steam. Pas besoin de vidéo là dedans.

Ce terme utlisé 14 milliards de fois par jour dans le milieu renforce de nombreux points négatifs de l’industrie:

  • Les jeux vidéo, ça fait gamin. Ca fera toujours gamin. Dire "je travaille dans les jeux vidéo" ça le fait pas pour draguer même si potentiellement ça rend intéressant. John Blow décrit très bien cette expérience (ITW here):

"So when I start out trying to explain "I try to make progressive video games"… (feeling of ickiness comes upon listener as soon as I say ‘video games’)… "that are meaningful and try to provide growth-oriented experiences," it ends up being this 15-sentence spiel and I am losing the whole time."

Effectivement, à partir du moment où tu as à expliquer ce que tu fais ou en quoi c’est vraiment intéressant, tu perds l’intérêt de la personne. Le terme vidéo fait perdre au public le focus sur le jeu, qui est la moëlle. Personne ne sait ce qu’est le game design. Beaucoup savent ce qu’est une texture.

  • Jeu vidéo renforce bien évidemment le pouvoir du visuel. Ce qui est mauvais. Regardez où on en est avec GT 5 Prologue, c’est beau (heureusement vu le temps passé à modéliser…) et c’est toujours aussi stupide dans le réalisme autre que visuel, toujours les même mécaniques de jeu à base de grind, grind, grind (à la 20ème course sur le même circuit achète ta troisième caisse pour enfin passer au circuit suivant). FAIL. Crysis, vous avez entendu parler de ce jeu autrement que pour son moteur graphique ahurissant ? Non. Ah si, pour ça (notez que le moteur audio est toujours sous l’eau aussi :p).

Pour ces raisons détruisant le médium le plus ambitieux de tout les temps -ouais ça fait pompeux mais c’est vrai-, j’aimerais que l’industrie et le public grandissent. J’aurais aimé que la presse qui n’a rien d’autre à foutre que de récupérer les goodies des éditeurs prenne partie et se sente presque choquée par ce terme débilisant depuis l’avènement d’une soit-disante maturité depuis la PS1. Vous vous en contrefoutez ? Ce ne sont que des mots ? Dans un sens oui.

Mais si le terme de l’activité nous réduit à un gimmick, si les jeux le sont aussi alors, tous ceux qui n’en comprennent pas le bénéfice et l’intérêt ont toutes les raisons d’être surs d’eux… Or laisse tomber ton âme de rebelle communautaire, on a besoin des "vieux". Surtout en Europe, où on manque de joueurs et de joueuses.