Coquille vide, je suis. Hier soir fut une soirée comme on oublie pas. Du genre imbattable. Je sais bien que c’est pas super intéressant mais je vais la raconter quand même.
Rdv à son taf, vers la station Blanche. Il pleut comme une vache qui pisse. En 5 mn avec mon froc qui traine par terre j’ai de l’eau jusqu’aux genoux. Vive la parka de l’armée qui me tient au sec moi et mon portable, en train de désespérement essayer de comprendre le chemin dans ce dédale de petites rues en pentes qui ressemblent à des torrents à ce moment là.
Bref j’arrive. Elle travaille. Comme d’hab’ je suis sous le charme dès que je la vois. Je goutte sur place au milieu de l’open space blanc et asceptisé. Elle ne lève pas les yeux. 20 mn plus tard, projet validé, elle quitte son bureau. Elle note à peine qu’il pleut/a plu assez fort pour que mon manteau vert soit couleur marron. On sort. On marche dans la rue en discutant et en rigolant. Il pleut à peine. Chacun sous sa capuche, on déambule dans Montmartre en se racontant nos histoires de médecins, ces connards qui prescrivent des trucs pour que ça aille mieux mais qui font rien pour soigner la cause. On rigole. Première pointe “faut que j’appelle mon mec pour lui dire que ça s’est bien passé le finish du projet”. J’esquisce une grimace invisible en lançant un vieux “ah.” perdu dans le brouhaha des restaus. Purée… J’ai une petite pensée pour A. pour qui ce gars n’existe pas et n’est pas le fond du problème. Ouais m’enfin quand même…Ba.
On arrive dans son petit chez elle et là, je sais que j’ai eu une éducation un peu stricte à ce niveau là, mais franchement là ça dépasse un peu mon entendement: tout est par terre. En deux semaines, il ya encore des cartons qui trainent, il n’ya pas de table, pas de chaises, juste un tabouret au milieu de la pièce avec un peignoir qui sèche dessus. L’ordi est par terre alors que le bureau est dans l’autre pièce mais encombré de fringues. En gros à part les machines, en marche et rangées (frigo/congel/ordi/télé), tout le reste traine… Chambre qui ressemble à s’y méprendre à la chambre d’un pote ya 10ans, avec pots de yahourt et vieux cendards improvisés, fringues everywhere… En soit ça me dérange pas, mais quand t’invites quelqu’un à diner, à priori -enfin je sais pas, à force je me dis que c’est moi qui abuse- tu fais un tant soit peu d’effort pour qu’il se sente à l’aise chez toi… Manifestement c’est le cadet de ses soucis. M’en fous, chuis avec elle.
Elle appelle l’autre. On s’assoit par terre. On se boit un bon Martini. Elle craque et s’allume une clope. Jme roule mon pet dans la foulée. On discute boulot, puis relations de couple. Elle me parle soudainement presque, d’un ami qui lui manque beaucoup. Elle me tend une lettre de lui d’il ya quelques temps avec un joli Je t’aime en bas de la page. Je me dis que j’aurais dû faire une petite lettre moi aussi, en plus chuis assez fort pour ça. J’esquisce encore une grimace, certainement moins invisible que celle dans la rue. On continue à discuter. Je la persécute de questions, je veux qu’elle me dise ce qu’elle a au fond du coeur, de l’âme… Mais bien difficile à dire… Je commence à avoir mal au cul.
Elle prépare à manger. Je remue mollement le riz. On se marre. J’ai été con j’ai mangé qu’un sandwich le midi et j’ai un peu faim. Le poisson avalé, j’en aurais bien repris un peu. Elle me voit soulever le couvercle en douce et s’exclame “putain j’en ai pas fait assez”. Je la regarde dans les yeux et j’ai envie de lui dire que l’amour et l’eau fraiche ça me remplirait beaucoup mieux mais je range ma réplique bidon et je lui dis ” pa grav’ !”. Je me ressers en riz et en Martini, même si ça va pas trop ensemble. Chuis mal sur ce sol, en tailleur face à elle dans la même position. On continue à discuter. Je la suis dans ses raisonnements, sauf quand ça concerne le sentimental où je ne la comprends plus trop. Elle se retrouve en mode auto destruction et ne cherche pas le bonheur. Et moi et moi et moi ?? En fait non, elle me retourne juste la question une fois ou deux, mais pour moi les choses sont simples, je cherche le bonheur mais il se présente pas. C’est pas comme si je l’avais à portée de main et que je lui mettais des coups de masse dans la tronche, un peu comme elle fait. Elle va pas bien. Moi non plus. Je suis de plus en plus gêné. Ca sort pas. Je suis incapable de lui faire le grand jeu. Vous comprendrez qu’avec ce cadre, ça facilite po les choses. J’arrive pas à lui dire que j’ai attendu cette soirée, every fucking single hour de la semaine. Qu’elle a habité tout mes rêves. Ah quoi bon ? Elle ne veut pas du bonheur… J’ai une maousse costaude boule au milieu de la gorge et j’arrive plus à parler. Je voudrais m’allonger et recevoir la chaleur de ses mains sur mon front.
On change de sujet. On discute ciné. Elle me montre des extraits des .avi qui trainent sur son ordi. Le blues me gagne. 24, La Haine… Troyes fut la goutte d’eau. Brad sous son casque face à un californien bodybuildé à outrance, j’ai décroché, je voulais être loin. J’avais l’impression d’être chez un pote que tu connais comme ça, à qui tu vas chourrer les derniers films leakés sur ta clef USB. Non. Pas avec toi bordel, c’est trop insupportable. Il est minuit, je ne tiens plus. J’ai mal au cul.
Je me lève assez violamment en disant “bon quelle heure il est ?..” alors que je le sais très bien. Elle me regarde assise, penaude, sachant que la soirée fut improvisée et pas mal ratée. Je sais plus trop où j’en suis, ça va dans tout les sens dans ma tête, je sais que si j’avance quoi que ce soit, si je commence à lui annoncer mes sentiments pour elle, je vais repenser à ces putains d’heures de merde de la semaine et que je vais me mettre à chialer comme une madeleine. Je vais chercher mes chaussures, je les laçent. Je galère. Elle s’excuse, moi aussi, je bégaie, elle aussi. La mort dans l’âme et pour me protéger, je préfère m’en aller. Elle est vraiment désolé. So I am. Elle me dit qu’elle fait peur aux gens. J’ai plutôt l’impression que c’est moi qui lui fait peur, vu qu’elle ne me demande jamais rien et esquive tout ce que je peux lui envoyer comme message à caractère informatif concernant les sentiments que j’ai pour elle. Je t’aime. Elle est debout face à moi. Je la sers dans mes bras et lui fait la bise en lui promettant un pti diner chez moi bientôt. Putain l’horreur de cette scène. “On peut pas faire le bonheur des gens malgré eux” me répétais-je en descendant les marches de l’étage, histoire de me trouver une petite excuse de mon abandon. Petite larme qui s’écroule sur ma main en arrivant à la porte d’entrée.
Air frais. I’m out. Je reviens 5 mn plus tard ayant oublié un truc, forcément dans la précipitation…
En sortant de ma bouche de métro je tombe sur deux oufs qui tapent partout en hurlant dans la rue. Je les entends derrière moi. Je les entends héler quelqu’un et taper dans les caisses, poubelles, vitrines. A ce moment là j’ai envie de courir absolument de toutes mes forces. Pas seulement pour eux. Je marche au plus vite. Leurs voix se rapprochent. Je passe les rails du RER. Je ne les entends plus. Je respire fort. J’arrive chez moi. Je tremble. Je tremble.
Et là en ce samedi aprem’, j’ai encore bien du mal à me remettre de la soirée. L’anniv de Sgoug ce soir. Je prends ma basse, je vais acheter un peu de vin blanc et je vais pouvoir me laver l’esprit. Putain j’ai une tronche… Il va se foutre de ma gueule et me dire que l’enterrement, c’est pas pour tout de suite.
J’aurais du appeler ce blog Harold’s Cycotherapy. Ca coûte moins cher et ça fait du bien… I love U et j’ai envie de te le susurrer à l’oreille… La simplicité même. Qui semble inatteignable…