C’est aujourd’hui. Je redoute/attends ce moment depuis deux semaines. Je pars en week-end voir un bout de famille. Un bout de famille très spécial pour moi. Cette famille qui m’a traité comme un des leurs et que j’ai quitté, il ya maintenant…20 ans. Cette vie à la campagne comme premiers souvenirs de vie avant de basculer dans la région parisienne à jamais… Moi qui doit passer pour un type qui n’a jamais quitté ses tours en béton, mes plus lointains souvenirs sont verdoyants, jaunes durant les moissons et blanc comme le lait de vache de la ferme du coin, avec son paysan qui ressemble à Jacquouille. Véridique.
La famille d’accueil que ça s’appelle dans le jargon administratif français de l’adoption. J’y suis toujours retourné, au début c’était à toutes les vacances scolaires ou presque, puis c’est passé à une fois par an pendant 15 jours puis une semaine jusqu’à ce que je commence à travailler et où c’est devenu juste des week-ends. Là ça fait deux ans que je n’y suis pas allé et je suis passé pas mal de fois juste à côté de mon village de la Nièvre. Ces dernières années avec le chômage sur le dos je préférais ne pas les voir même si j’en avais envie (mais pas forcément l’occasion aussi), je sais c’est très con mais c’est le seul comportement fiéreux que j’ai.
Il se trouve qu’on m’a prêter une voiture pour y aller et il se trouve que c’est une belle voiture… Imaginez la cocasserie de la situation, un jeune noir dans une voiture de ministre (tout est imaginable sur le métier que je fais…) se pointer dans son petit village gaulois d’enfance de 300 hab… Alors que je peine à payer mon loyer et que je pointe toujours aux assedics… T’es marrante la Vie, si si.
J’ai le cœur serré. Vraiment serré au fond de ma poitrine. 6 ans dans la Nièvre, 20 en banlieue, c’est plus comme quand j’y retournais gamin. La dernière fois, elle pleurait quand je suis parti et elle aurait bien voulu que je reste plus de deux jours. La seule fois où je l’avais vu pleuré avant, c’était quand j’étais parti rejoindre la famille P. Je me rends pas compte de ce que c’est que d’élever un enfant pendant des années, et te dire que… Ben voilà ça sera jamais ton enfant. Et pourtant…
Entre ce jour où je suis parti et où je ne savais même pas qu’on pouvait avoir des boites en carton avec du liquide dedans et ce que je fais aujourd’hui, le vertige est grand. Le différentiel est énorme. Je ne peux pas regarder en arrière sans avoir les larmes qui montent. J’ai l’impression d’avoir vécu 20 ans de plus, d’avoir eu deux vies dont une s’est éteinte plus rapidement que prévue. Parce que je me voyais bien sur un tracteur, aussi. Quoique Pong m’avait quand même bien impressionné…héhé.
Ca me fait penser à la télé et je crois que le premier noir que j’ai vu, ben c’était Arnold chez les Drummond. C’était un peu moi à l’écran (je lui ressemblais vraiment beaucoup petit) et c’était un peu aussi ma vie sauf que dans mon cas ils avaient oublié Willy. C’était incroyable sérieux. Enfin…
Bon je pense pas que je bloggerais ce week-end, j’ai plus d’apn et ça c’est con j’aurais bien pris des tofs. Et à priori j’ai plus de laptop jusque jeudi soir, plus de messagerie purée l’angoiiisse…
"Rho ben mon Harold, chuis bien contente que tu viennes nous voir" me disait-elle au téléphone. Et moi donc… Et moi donc.
Rhaaa comme j’ai le cœur serré…
ps: ouais .Text error j’en sais rien pourquoi, faut que je regarde; (encore le nain du serveur qui pédale pas assez vite) /o\
