Patrice en premier puisqu’elle est affichée en grosses lettres sur le flyer…
Là pas de ‘Forget Me Nots’ ni de ‘Feels So Real’ ni de ‘Let The Music Take Me’… elle est au service de la musique de Mr Lee.
A près de 51 ans (en Septembre) la toujours sémillante Patrice nous montre son talent inversement proportionnel à sa taille… et çà veut dire beaucoup LOL
Elle semble un peu timide, réservée… en tous cas concentrée… elle l’annonce en français entre deux morceaux… ‘nous sommes très heureux d’être ici à Paris et de partager notre passion avec vous’…
Elle aurait bien dit quelques mots de plus (qu’elle avait dû préparer soigneusement) mais comme elle s’exprime lentement de peur de faire des fautes, elle se fait sans arrêt couper le sifflet par des cris du public…
Ce n’est pas grave… elle joue ‘avec ses amis’ dit-elle, et son ‘patron’… Hahaha c’est vrai qu’elle est attentive à chaque directive de Lee, mais elle sont lancées sans autoritarisme aucun… comme son jeu et sa personnalité sont suaves, ses mouvements le sont aussi… il fait un petit geste fluide au dessus de sa tête, un haussement de sourcils, ou un minuscule mouvement vers la personne qu’il veut lancer en solo et hop çà tourne…
Patrice passe du piano demi-queue à son clavier électrique et vice-versa avec bonheur, et elle nous ravit par son phrasé et ses réponses aux piques guitaristiques avec lesquelles Lee l’aiguillonne…
A la basse Brian Bromberg… quand on le voit on ne pourrait pas dire qu’il a une tête de musicien, encore que je me demande bien ce que peut-être une tête de musicien… LOL Mais bon si on avait des doutes dès les premières notes sur sa contrebasse Allegro Electro acoustique bleue plantée devant lui, on sent le même style que chez son Boss… fluidité, extrême technicité au service tout entier d’une musique où le feeling doit impérativement se mixer au mieux avec la technique, et l’émotion ressortir toute entière pour nous convaincre que tout çà est très simple et semble d’une facilité déconcertante… Qu’est ce qu’ils doivent créer comme vocations chez les gens qui les regardent… c’est seulement APRES que les jeunes élèves doivent réaliser l’étendue du chemin qu’il leur restera à parcourir pour arriver péniblement à la moitié de la limpidité de ces monstres sacrés!
Il joue sur cet instrument, assez fascinant par le son énorme dans les basses, avec les yeux fermés… çà devient terrible quand il descend dans les gammes et donc qu’il remonte sa main vers la tête de l’engin… il nous assène ces infra basses avec des vibratos qui nous remuent les tripes… moi pour parler trivialement j’ai kiffé ma race grave!!!!
Inutile de préciser (au cas où l’ombre d’un doute subsisterait) que quand il passe à la 4 cordes électrique, c’est du même tonneau…
Oui, il n’y a pas d’effet de mode avec de la 5 ou de la 6 cordes… il hallucine tout le monde avec 4 cordes à l’ancienne… enfin… à la moderne devrais-je dire, car bien qu’il bouge à peine sa main, on se prend des claques comme si Louis Johnson était en train de faire son karaté sur l’engin… un son Kolossal avec un grand K (oui je sais c’est un C en français… mais là on dépasse les bornes territoriales… ce n’est plus du over lourd, c’est du supra-lourd!)
Il slapotte nos tronches ahuries sans une goutte de sueur… çà énerve LOL Mais alors quand il se lâche dans un solo… on en prend pour son grade! Mais le sérieux de la musique ne l’empêche pas d’envoyer au milieu d’un solo un extrait de Come Together des Beatles qui fait marrer Lee et que le public impeccable et sans être sollicité conclut par ‘…Over Me’ sur la dern ière note, pile poil dans le tempo! Enorme!
Alex Acuna… Un Péruvien débarqué de son Altiplano lointain… Un messager Inca (il a vraiment une tête d’Indien des BD de Hergé) descendu du lac Titicaca d’où il pouvait admirer le Popocatepetl (à défaut de le gravir LOL) un sommet des Andes… mais qu’est ce que je raconte…??? D’où je tire çà… ? De nulle part… de mon imagination stimulée à son maximum par ses roulements cataclysmiques, ses déchaînements sur les cloches, les cymbales, les toms, les timbales, la caisse claire et la grosse caisse… loin de certains jazzeux qui vous endorment à la moindre occasion, son énergie déborde… il envoie voler une de ses baguettes en plein morceau… Bof, pas de quoi s’en faire… un gars lui ramène et au lieu de recommencer à s’en servir… non il la tient sur son épaule comme un bâton sur lequel il aurait accroché un baluchon et continue son barouf avec une main!
De même pendant le rappel, il s’énerve à foison, jusqu’à ce que de guerre lasse un des deux toms ne décide de rentrer dans sa caisse avant la fin du concert… il tombe par terre et Alex continue sans sourciller… LOL
Grave! Peut-on monter d’un cran?
Oui avec Alex, çà s’appelle : gravissime!
Et c’est lors du passage acoustique ou Lee nous étrenne une guitare sans corps apparent, qui, nous explique-t-il, est faite exprès pour les moments chauds puisque son ventre n’est plus couvert par ses grosses Gibson demi-caisse! Air-conditionné guitaristique!
Pendant ce morceau donc, Alex quitte son kit et s’assoit sur une grosse caisse genre carton à chaussure de taille (ou plutôt format caisson de basse de système surround) et commence à taper dessus comme sur un Djembé, sauf que là vu qu’il est assis dessus, il tape sur les côtés… chaque face du cube émet un son différent, et sur chaque face le centre fait office de grosse caisse tandis que les coins supérieurs sont les caisses claires et snare… il tape si vite qu’on n’arrive plus à voir ses doigts… c’est vous dire s’il ne s’économise pas! Très physique comme engin. Vraiment un instrument ‘muy especial’!
Bref une grosse découverte (en live) que cet Alex! (ndharold: je sur-confirme)
Reste Ernie Watts… notre sax ténor est d’un calme Olympien… tout juste s’agite-t-il quand dans la présentation du groupe après le passage acoustique, Lee ne le cite pas… c’est vrai qu’il n’a pas soufflé dans son engin… mais il a joué de la Cabassa, cet engin qu’on tient dans une main par un manche pendant que l’autre main fortte latéralement sur la tête faisant ainsi remuer une maille en billes de métal qui provoque ce son de serpent à sonettes LOL
Bref Ernie demande à ce qu’on reconnaisse ses efforts et Lee s’éxécute de bonne grâce plongeant Ernie dans une joie énorme ce qui fait rire toue la salle.
Mais quand il souffle… alors là on comprend mieux pourquoi Lee joue régulièrement avec lui depuis plus de 25 ans puisque j’ai fait dédicacer un disque où ils collaborent déjà en 1978… Bref Ernie est le doyen du groupe mais il s’ingénie à faire oublier cet état de fait… Il joue relativement peu (empoignant à chaque fois sa ‘cabassa’ quand il cesse de souffler) mais jamais pour ne rien dire… c’est parfait d’intensité et de concision. Et puis le ténor on l’entend rarement dans le funk… y’a plus d’alto voire de piccolo, même de baryton (Doc Kupka). Mais le son chaud d’Ernie nous rappelle bien vite que c’est une option qu’on devrait remettre au goût du jour. Ernie nous fait rire comme son collègue bassiste en envoyant dans le dos de Lee qui s’appprête à relancer la machine au cours d’un morceau, les 5 notes mondialement connues de Rencontres du 3ème Type! Lee se retourne instantanément et son sourire s’élargit encore jusqu’à lui couper le visage en deux! Attention Lee tu vas te décrocher la mâchoire!
Bref l’union de ces 5 pointures mondiales m’a filé une banane pendant plus d’1h45 (durée avec rappel)
Pour le répertoire, du ‘classique’ Lee, de "Captain Fingers" à "Rio Funk" mais aussi un morceau tiré du dernier DVD ‘Overtime’ qui dépote sévèrement…
Pour faire court (heuh excusez moi… c’est une image, parce que là je suis en train de battre des records de longeur de post) c’est une musique qui s’adresse à tous les sens…
Du cerveau qui reste médusé devant tant de dextérité et qui se demande comment ils font pour que tous ensemble, ils parviennent à garder une cohésion parfaite… et au coeur, grâce à la qualité de l’interprétation, à la joie qui est visible sur les visages de tous les membres du groupe, surtout sur celui de Lee, qui j’y reviens arbore une banane en travers du visage du début à la fin… il s’intéresse visiblement à ce que font ses accolytes et encourage par des ‘haaaaaaaa’ sonores chaque intervention qui le surprend et le pousse à donner le meilleur de lui même en réponse…
Excusez moi pour ce compte rendu marathon qui vous aura sûrement gavé ou fait décrocher avant son terme, mais qui pour moi est trop court tellement j’ai apprécié ce moment de pure musicalité… de complicité et d’humour… beaucoup de rires dans le public aux blagues des musiciens… (ndharold: j’ai rarement vu des "vieux" zicos aussi fun)
Oui j’aime le Funk dur. Oui j’aime les chanteurs. Oui j’aime quand un groove basique se répète pour inciter à la transe. Oui j’aime quand un gros ensemble de zicos se fichent pas mal de faire un solo du moment que le groove est là pour faire sauter en l’air tout le monde…
Mais puisqu’on peut aimer plusieurs choses, les carottes et les bananes… moi je le dis clairement, j’aime le jazz-funk, même quand il tourne au jazz pur et j’aime donc ce moment rare qu’il m’a été donné de partager avec Mr Groove dont les yeux sortaient des orbites pendant le solo final de Brian, avec FredW qui malheureusement à dû tracer dès la dernière note jouée car il avait plein de choses à faire chez lui encore, et avec mon pote Lolo, qui a intérêt à envoyer les photos géniales qu’il a réussi à faire sans flash… les miennes (j’ai pas dû tout capter au niveau de l’utilisation du matos) sont plutôt floues…
Bref je vous mets çà dès que j’ai les BONNES!!!
Après le concert, discussion rapide avec Patrice qui répond à toutes les sollicitations avec grâce, et qui nous dit qu’elle compte revenir avec sa propre formation bientôt, et en tous cas sans attendre plus de 17 ans (son dernier passage remontait à 1988 au sein du groupe de Santana m’a-t-elle confié) pour venir nous régaler comme ce soir magique de Juillet 2005! ( ndharold: et ça je l’attends de pieds fermes, rien que de la voir en chair et en os à deux mètres…pfiiuuuu!!!! Une de mes idoles, le genre d’artistes qui t’accompagnent durant des années…)
Merci encore Lee, Patrice, Brian, Alex et Ernie! Je suis prêt à reprendre un billet à la première occasion. "